Le Râle tapageur, zozio caractéristique de nos mangroves, reste assez peu connu dans l’archipel guadeloupéen, hormis sur l’îlet Fajou. Une étude partenariale, menée par le Parc national de la Guadeloupe, a donc vu le jours en 2014. Celle-ci a pour but d’améliorer les connaissances concernant notamment l’aire de répartition de cet oiseau assez farouche dans le Grand-Cul-de-Sac Marin, ainsi que sur son habitat préférentiel.
Qui est le Râle tapageur ?
Le Râle tapageur (Rallus crepitans caribaeus Ridgway, 1880) ou Pintade en créole, est une sous-espèce endémique de la Caraïbe, que l’on retrouve dans les Grandes Antilles (Cuba, Hispaniola, Porto Rico) et dans les Petites Antilles (îles Vierges des États-Unis, Antigua-et-Barbuda, Barbade, Saint Kitts, Guadeloupe).
On le retrouve principalement dans la Mangrove, les terrains inondés et les marais salés où il trouvera sa nourriture composée principalement de crabes violonistes, de vers, d’insectes et de petits poissons pêchés à l’affût.
Avec un corps comprimé latéralement, très hydrodynamique, de longs doigts fins et des ailes courtes, amples et arrondies le Râle tapageur a des caractéristiques physiques proche des autres oiseaux de sa famille : celle des Rallidae.
Son comportement farouche ainsi que l’accès ardu à la mangrove, le rend difficilement observable. On reconnaît cependant facilement son cri territorial atypique.
Cri territorial atypique du Râle tapageur
Pourquoi le Protéger ?
Aujourd’hui menacé en particulier par la dégradation des Mangroves, le Râle tapageur est également une espèce fortement exposée à la prédation naturelle et humaine. Pour cause, ses ailes relativement courtes n’autorisent que de brefs déplacements en vol, c’est un oiseau principalement marcheur et nichant au sol (aux pieds des Palétuviers) et donc assez exposé.
En Guadeloupe, l’espèce est considérée depuis 2012 comme vulnérable sur la liste rouge de l’UICN, du fait de sa faible population (inférieure à 1 000 individus matures).
Comment le Protéger ?
Une étude visant à améliorer les connaissances de l’espèce au niveau local et régional, s’est déroulée sur une période de 5 ans, de 2014 à 2018. Pilotée par le Parc national de la Guadeloupe, 5 autres structures ont également apportées leur force de travail:
Les associations AEVA et ASFA, les gardes du littoral des communes de Baie-Mahault, Les Abymes, Morne-à-l’Eau ainsi que 2 stagiaires du Parc national.
Améliorer les connaissances concernant cette espèce, c’est permettre une meilleure appréhension de sa conservation dans le futur.
L’objectif découlant de cette étude est de réaliser une cartographie des populations du Râle tapageur à l’échelle du Grand-Cul-de-Sac Marin mais également, de déterminer l’habitat préférentiel de l’espèce. Dans le cadre de ce protocole, La méthode d’échantillonnage utilisée est la Présence/Absence. Lorsqu’un individu est remarqué visuellement ou auditivement, on indique sa présence.
141 points correspondant à 35 circuits ont ainsi été répartis sur l’ensemble de la baie du Grand-Cul-de-Sac Marin. Afin de détecter la présence du Râle tapageur, espèce farouche, la méthode de la repasse a été utilisée. Celle ci consiste à diffuser des enregistrements du cri de l’espèce, afin d’obtenir une réaction de sa part.
Une description de l’habitat présent à chaque point d’écoute est également réalisée. On le caractérise en fonction de la composition ainsi que de la structure de la végétation et du sol. Une photographie est de plus réalisée, afin d’affiner cette analyse.
Quels sont les résultats ?
A l’échelle du Grand-Cul-de-Sac Marin, le Râle tapageur est inégalement réparti. Sur les 141 points, 25 d’entre eux ont démontré la présence du Râle. L’espèce a cependant été le plus souvent détectée au niveau des îlets (plus de 18 oiseaux sur 39). L’îlet Fajou, situé en cœur de Parc national, est celui qui accueille la plus grande partie de la population du Râle tapageur en Guadeloupe. Cette zone caractérisée en temps que « cœur de Parc » joue donc un rôle important pour la conservation de l’espèce. D’autres noyaux de population résident néanmoins dans les communes de Petit-Canal, Port-Louis, Morne-à-l’Eau et Sainte-Rose.
Concernant son habitat, les analyses statistiques et la modélisation utilisées, ont permis de confirmer les observations de terrain, en montrant une prédilection de l’espèce pour la mangrove arbustive dense, avec la présence de masse d’eau.
Des Perspectives ?
Le statut de protection du Râle tapageur reste assez précaire. Mise à part l’îlet Fajou, qui bénéficie de la protection en temps que Cœur de Parc national, les autres noyaux de populations dépendent fortement du bon état de conservation de ses habitats. La considération de l’espèce dans le cadre de futurs aménagements du littoral est donc importante. La pression de prédation, exercée notamment par des espèces dites « invasives » telles que le rat, doit également être contrôlée sur les îlets.
Bien que les connaissances concernant la répartition et l’habitat du Râle tapageur ont clairement avancées, il reste tout de même des lacunes concernant la biologie de l’espèce.
L’étude du domaine vital du Râle tapageur ou encore sa reproduction, pourraient donc être à l’avenir, des sujets d’études pertinents, afin d’avancer dans la connaissance et donc, d’améliorer les méthodes de conservation afin de protéger cette espèce emblématique du territoire guadeloupéen et de ses mangroves.
Pour plus de détails, retrouvez ci-joint le lien menant vers le document du bilan officiel de l’étude sur le Râle tapageur, rédigé par Régis Gomés ou du rapport de stage de Marie-Paule SAVELLI.
Date de publication : Juillet 2019