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A la recherche de l’oiseau rare...- Projet Petrel 2022

Lors de son appel à projet scientifique de 2021, le Parc national de la Guadeloupe, soutenu par France Relance  a subventionné 7 projets sur des thématiques bien différentes : insectes, ophiures, mollusques, oiseaux etc. Découvrez ici les résultats de l'un de ces projets : A la recherche du Pétrel diablotin (Pterodroma hasitata), par l’utilisation de la technologie « vision infrarouge ».

L’oiseau qui se faisait désirer…

Le Pétrel diablotin (Pterodroma hasitata) est un oiseau marin endémique de la Caraïbe. Il est classée comme en danger d'extinction au niveau mondial par l'UICN, et en danger critique d'extinction au niveau régional : les dernières estimations font état de seulement 500 à 1 000 couples nicheurs (BirdLife International 2018).

Historiquement présent en Guadeloupe, cet oiseau qui ne vient à terre que pour sa reproduction, n'a pas été vu nicheur (donc en reproduction) en Guadeloupe depuis le milieu du XIXème siècle.

Malgré cette situation peu favorable, deux indices laissent espérer les ornithologues passionnés qu’il serait possible d’avoir des populations nicheuses en Guadeloupe. Il est en effet parfois possible de l’observer en mer à proximité de la Guadeloupe, et il existe des habitats favorables à sa nidification sur les reliefs élevés de la Basse-Terre.

Déjà deux études, en 2016-17 puis 2020, ont porté sur cet oiseau avec chacune des méthodes différentes. La première a permis de répertorier les sites favorables à la nidification de l’espèce, et de mener des investigations par écoutes et enregistrements. Une deuxième étude a été menée en utilisant un radar pour détecter les pétrels en vol, sur les reliefs de la Basse Terre. Malheureusement aucun pétrel n’avais pu être vu lors de ces deux missions. Une troisième mission a donc été menée en 2022 pour tenter d’observer cette espèce.

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Du matériel scientifique de pointe pour détecter l’indétectable

Pour espérer voir cet oiseau il fallait donc sortir les grands moyens. A savoir du matériel scientifique particulier, ici des jumelles à vision infrarouge, aussi appelées jumelles thermiques.

Ces jumelles permettent de détecter des rayonnement infrarouge invisibles à l’œil nu.

Les rayonnements infrarouges sont ces rayonnements émis par tous les corps chaud. Plus un corps est chaud, plus il émet de rayonnements.

Ces jumelles sont donc capables de détecter les écarts de température et transforment ces information en une image noir et blanche : en noir apparaitront les éléments froids (roche, arbre etc) et en blanc les éléments chauds (animaux à sang chaud). Bien pratique lorsque l’on cherche de nuit, un animal vivant qui émet de la chaleur, comme le pétrel.

De la patience et de la concentration

A l’aide de ces jumelles, deux scientifiques ont réalisé des suivis nocturnes : 13 nuits de suivis réparties entre le 7 janvier et le 5 février 2022, permettant de cumuler plus de 46 heures d’observation. Chaque nuit, c’est dans un silence d’or que les scientifiques se relaient pour assurer une surveillance en continu et espérer voir le fameux oiseau.

L’oiseau se fait toujours attendre

Malgré tout, les efforts et le matériel adéquat ne suffisent pas toujours, et c’est finalement bredouille que se termine la mission. Les investigations nocturnes ont permis l’observation d’oiseaux, de chiroptères et d’autres mammifères, mais aucun pétrel diablotin n’a été observé.

Cependant un pétrel a été entendu le 18 janvier 2022, au niveau du col du Camp des Anglais, à 1 193 m d’altitude. Des capteurs acoustiques ont alors été disposés dans cette zone pendant plusieurs semaines, mais ils n’ont pas permis de confirmer la présence de l’espèce sur ce site.

 

Après avoir réalisé ces trois missions, les scientifiques en ont conclu que des Pétrels diablotin peuvent occasionnellement survoler le secteur de la Soufrière mais que les missions n’ont pas permis de confirmer la présence d’une population sur les hauteurs de la Basse-Terre.

 

Etude citée :

Chabrolle A. & Millischer G. (2022) - A la recherche du Pétrel diablotin (Pterodroma hasitata), par l’utilisation de la technoilogie « infrarouge ». Association des Mateurs Amicaux des Z’Oiseaux et de la Nature aux Antilles (AMAZONA) - Rapport AMAZONA n° 79, Association pour l’Etude et la protection de la Vie sauvage dans les petites Antilles (AEVA) - Rapport AEVA n° 50, septembre 2022 : 23 p

 

Retouvez tous les rapports des APS du Parc national : https://www.guadeloupe-parcnational.fr/fr/des-connaissances/les-missions-scientifiques/les-rapports-scientifiques/les-rapports-des-appels

frnace relance