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30% des espèces menacées en Outre-mer affectées par des espèces exotiques envahissantes d'après l'UICN

Scientifique
L’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a récemment publié un rapport évaluant la menace des espèces exotiques envahissantes (EEE) sur les espèces éteintes, menacées et quasi menacées des Outre-mer, d’après les données de la Liste rouge et de la littérature scientifique.
Iguane des Petites Antilles
L’Iguane des Petites Antilles (Iguana delicatissima), espèce protégée en Guadeloupe, classée en danger critique d’extinction (CR) selon la Liste rouge de l’UICN ©Patricia Brouard

 

Les EEE, une menace pour la biodiversité

Les EEE figurent parmi les 5 principales causes de perte de biodiversité dans le monde, en particulier sur les îles où l’isolement crée des espèces plus vulnérables car elles n’ont pas développé de mécanismes de défense ou de fuite face aux nouveaux prédateurs ou concurrents. Une espèce est souvent impactée par plusieurs EEE, et une EEE peut nuire à de nombreuses espèces. Elles sont impliquées dans 60 % des extinctions globales. Leur impact touche notamment les vertébrés terrestres et 40 % des espèces "en danger critique" sont concernées.

En Outre-mer, 145 EEE ont été identifiées. Les plantes à fleurs, mammifères, oiseaux, insectes et reptiles constituent les plus grandes menaces. L’ensemble de ces espèces affectent près de 29 % des espèces éteintes, menacées ou quasi menacées de ces territoires, soit plus de 1000 espèces.

Sur l’ensemble des extinctions recensées ces 500 dernières années dans les Outre-mer, les EEE sont responsables de 43 % des disparitions, affectant principalement des espèces endémiques, notamment des gastéropodes, des reptiles et des oiseaux.
                                                                                                         

Stratégie d’action contre les EEE

La stratégie européenne pour la biodiversité à l’horizon 2030 vise à réduire de 50 % le nombre d’espèces menacées impactées par les EEE. Elle encourage le renforcement des actions de conservation, la restauration des populations et la mise en place de programmes de prévention des introductions, de contrôle et d’éradication des EEE, notamment en Outre-mer.
  

La Guadeloupe, fortement impactée par les EEE 

La Guadeloupe est le 5e territoire d’Outre-mer le plus impacté par les EEE. Sur l’ensemble des espèces de l’archipel inscrites sur la Liste rouge, 15 % sont affectées par des EEE. Cela représente 79 espèces classées menacées ou quasi menacées.

25 EEE ont été identifiées sur le territoire dont 6 vertébrés prédateurs introduits : le rat noir, le rat surmulot, la mangouste indienne, le chat haret, le chien et le raton laveur. Ces espèces affectent à elles seules 56 espèces menacées ou quasi menacées et seraient directement impliquées dans l’extinction des 5 espèces locales : 3 reptiles (le léiocéphale roquet, l’ameive de la Guadeloupe et l’ameive de Marie-Galante), 1 oiseau (la chevêche des terriers) et 1 mammifère (le rat pilori de la Guadeloupe).
                                                                                    
Sur l’île, 24 % des espèces endémiques menacées ou quasi menacées sont impactées par des EEE. en particulier des amphibiens, des oiseaux et des reptiles.

Le Parc en lutte contre les EEE

Le Parc porte avec la commune de Sainte-Rose un projet de restauration écologique sur le site de Pointe allègre. La lutte contre les EEE aquatiques est au cœur de ce projet avec l'éradication de jacinthe d'eau, de laitue d’eau, de salvinie géante, du bambou commun et de typha. Cette dernière espèce est particulièrement problématique : avec sa croissance rapide et ses graines très volatiles, l’espèce gagne très rapidement du terrain sur les milieux humides dont la mare, qui en est presque totalement recouverte. En surplombant les espèces aquatiques locales, elle capte toute la lumière et étouffe les végétaux indigènes. Ce projet est d'ailleurs lauréat de Mission nature 2025

Le typha colonise également les espaces de forêt marécageuse des Abymes. Dans la forêt de Golconde  le Parc national de la Guadeloupe en restaurant des espaces forestiers boisés agit aussi contre cette EEE Sur le site de Providence, dans le secteur de la Traversée,  le PNG lutte contre des EEE tels que le bambou ou la rose de porcelaine.

Côté marin, sur les îlets classés cœur de parc national, l‘établissement œuvre aussi à l’éradication d’espèce comme le rat noir. 
 

À la découverte de la forêt de Golconde