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Inventaire et caractérisation des peuplements de mollusques et d’araignées du Parc national de la Guadeloupe

Scientifique
Lors de son appel à projets scientifiques de 2021, le Parc national de la Guadeloupe, soutenu par France Relance a subventionné 7 projets sur des thématiques bien différentes, allant de l'écosystème feuille à l’étude d’une espèce d’ophiure potentiellement invasive, en passant par des thématiques plus forestières. Découvrez ici les résultats du projet Malacospider portant sur les peuplements d'araignées et de mollusques de la Basse-terre.

La Guadeloupe dispose d'une grande richesse d'espèces de mollusques (malacofaune) et d'araignées (aranéofaune). Cependant, celle-ci est encore très peu étudiée et connue. Le groupe des mollusques fait référence aux escargots terrestres et aquatiques, aux limaces et aux bivalves (moules, etc.) d'eau douce. C'est un groupe peu étudié sur les îles de la Guadeloupe. Actuellement, on dénombre 73 espèces de mollusques, dont 14 sont endémiques de l'archipel. Concernant l'aranéofaune, il s'agit d'un groupe d'arthropodes (animaux qui possèdent un squelette externe "exosquelette" et qui disposent d'articulations, notamment des pattes articulées) très peu étudié sur l'archipel. À ce jour, 39 espèces y sont répertoriées.

Dans ce contexte, le Parc national de la Guadeloupe, soutenu par France Relance et l’UMS PatriNat (OFB-MNHN-CNRS-IRD), a financé une étude visant à améliorer les connaissances sur les peuplements de mollusques et d'araignées présents dans le secteur du Parc national. L’objectif de ce travail était de caractériser les peuplements de ces groupes faunistiques (groupes d'espèces) pour permettre de les utiliser comme indicateurs de surveillance des milieux de Basse-Terre.

Comment étudie-t-on la malacofaune et l'aranéofaune ?

Les scientifiques en charge de l’étude ont déployé, au cours du mois de janvier 2023, cinq transects (lignes physiques ou virtuelles permettant d'étudier et de compter divers phénomènes le long d'un itinéraire) traversant Basse-Terre d’est en ouest, et répartis du nord au sud, traversant ainsi les communes adhérentes au Parc ainsi que la zone de cœur de parc national. Le long de chacun des transects, les mollusques terrestres et les araignées ont été recherchés dans des placettes (carrés) de 100 m², choisis aléatoirement le long du transect et dans différentes formations végétales.

Dans ces placettes, différentes techniques de collecte ont été mises en place. Les araignées ont été collectées par battage de la végétation et à vue, selon les méthodes suivantes :
• Le parapluie japonais : Cette méthode consiste à secouer les branches d'arbres au-dessus d'un parapluie classique afin de faire tomber les spécimens à l'intérieur.
• Le filet fauchoir : À l'aide d'un filet, on "fauche" les buissons et la végétation basse pour récupérer les spécimens cachés dans la végétation.
• La chasse à vue : Cette méthode consiste à marcher lentement sur le sol dans la zone de prospection et à récolter les spécimens observés.
Les mollusques, quant à eux, ont été collectés à vue dans chaque placette pour les individus les plus gros. Pour les petits mollusques invisibles à l’œil nu, des prélèvements de litière végétale ont été réalisés, tamisés, puis examinés à l'aide d'une loupe binoculaire.
Au total, 108 placettes devaient être échantillonnées, mais par manque de temps et en raison des difficultés d'accès, seulement 68 placettes ont pu être réalisées.
Chaque individu capturé a été maintenu dans des flacons d'alcool avant d'être pris en photo et disséqué pour identification.

Carte des différents transects (ligne) et des différentes placettes (carrés) réalisées.

Des résultats qui mettent en lumière une diversité cachée

Sur les 68 placettes échantillonnées, 44 espèces de mollusques ont été recensées. 32 ont pu être identifiées, tandis que les 12 restantes n'ont pas pu l'être. Cela peut s'expliquer par plusieurs raisons : des formes juvéniles encore jamais observées, mais il pourrait également s'agir de nouvelles espèces pour la Guadeloupe. Certains escargots rares n'ont été observés que sur une seule placette, alors que d'autres étaient présents sur 41 des 68 placettes. L’étude a également mis en évidence que les peuplements de mollusques varient selon l'altitude et le versant (côte au vent et côte sous le vent).

Concernant l'aranéofaune, l'étude a permis la découverte d'au moins 5 nouvelles familles et pas moins de 20 genres nouveaux pour la Guadeloupe. Ces chiffres sont provisoires, car certains échantillons sont encore en cours de description par des spécialistes.
Les travaux menés dans le cadre de cet appel à projet ont donc permis d'augmenter de manière significative les connaissances sur les araignées. Ils apportent également des éléments de connaissance inédits sur la malacofaune et ses peuplements, un sujet qui n'avait jamais été étudié dans l’arc antillais. La poursuite de l’étude de ces deux groupes sur les stations non étudiées permettrait d’affiner les analyses et d’apporter des éléments consolidés pour une meilleure prise en compte de ces animaux dans la conservation de la nature.

Pour découvrir la restitution : https://www.youtube.com/watch?v=5z6EKLeb6Yc

Rapport :  Perrier C., Cucherat X., Trillat M., Bourgeois A., 2023. MalacoSpider in Guadeloupe : Inventaire et caractérisation des peuplements de Mollusques et d’araignées du Parc National de la Guadeloupe. Arianta/Mission Spider, Parc National de Guadeloupe. 86 p.