1 115 ! C’est le nombre de zones humides potentielles de plus de 1 000 m² répertoriées en Guadeloupe en 2015 (source DEAL).
Ce terme fait référence à une grande diversité de milieux qui vont du littoral jusqu’au sommet des montagnes : mangroves, forêts marécageuses, bords de rivières, marais, salines, lagunes et jusqu’aux étangs d’altitude.
Notre archipel bénéficie d’un large éventail d’écosystèmes humides qui lui rendent de nombreux services, à condition de les préserver !
Chaque année, la Journée mondiale des zones humides est célébrée le 2 février, en mémoire de la signature de la Convention internationale visant la protection des zones humides en 1971, dans la ville iranienne de Ramsar.
Cette journée mondiale est dédiée à la préservation de ces zones indispensables mais soumises à de nombreuses menaces.
La thématique retenue pour l’édition 2024 est « zones humides et bien-être », occasion de souligner tous les services qu’elles nous rendent au quotidien et l’urgence de les préserver !
Définies par le Code de l’environnement, les zones humides sont des « espaces exploités ou non, habituellement inondés ou gorgés d'eau douce, salée ou saumâtre de façon permanente ou temporaire, ou dont la végétation, quand elle existe, est dominée par des plantes hygrophiles (qui aiment l’eau) pendant au moins une partie de l'année ».
En Grande-Terre, il existe une multitude de mares et de canaux qui jouent un rôle majeur en terme d’équilibre écologique. Les marais nord de Port-Louis, la forêt marécageuse de Golconde à Perrin, la mangrove de Jarry, la zone de Blachon à Lamentin ou le marais de Folle-Anse à Marie-Galante sont autant de zones humides emblématiques de l’archipel.
En Basse-Terre, de nombreux cours d’eau, des étangs d’altitude et des dépressions humides boisées forment aussi un réseau de zones humides à forte valeur patrimoniale : le Grand-Etang de Capesterre-Belle-Eau, les tourbières du lac Flammarion à la Soufrière, la zone de Valkanaers à Gourbeyre.
Un large éventail d’écosystèmes
La notion de zones humides fait référence à une large variété de milieux. En première ligne figurent le littoral avec ses mangroves maritimes en contact plus ou moins étroit avec la mer puis les forêts marécageuses en retrait ou au bord des rivières. Ce sont les zones bordant le Petit et le Grand Cul-de-sac marin. S’y ajoutent des marais, des salines et des lagunes qui s’échelonnent sur d’autres parties du littoral.
De Deshaies à Port Louis, le littoral nord de la Guadeloupe est remarquable à plus d’un titre et sa richesse est reconnue au niveau national et mondial. Il est inscrit depuis 1993 sur la liste du traité de RAMSAR qui recense les zones humides particulièrement riches dans l’objectif de les préserver. De même, depuis 1994, il fait partie intégrante de la Réserve mondiale de biosphère du Grand Cul-de-sac marin (programme Man & Biosphere, Homme et biosphère), qui vise à enrayer la perte de biodiversité dans le monde.
En effet, ces zones sont d’extraordinaires réservoirs de biodiversité en terme de reproduction, d’alimentation ou de repos pour une grande diversité d’espèces.
Sauvons la forêt marécageuse
En Guadeloupe, la forêt marécageuse représente plus de 5 000 ha composés d’une trentaine d’espèces végétales que l’on ne retrouve dans aucun autre écosystème. Le Mangle médaille (Pterocarpus officinalis ou Sandragon) et le Cachiman (Anona glabra) y sont représentés en majorité.
En formant une zone tampon entre terre et mer, cette forêt joue un rôle écologique primordial. Les espèces qui la composent filtrent d’une part les boues qui se déversent vers le milieu marin, protégeant ainsi la barrière de corail et d’autre part, protègent les terres et habitations des inondations, de la montée des eaux et des houles cycloniques.
Malheureusement, sous l’effet du changement climatique, cette forêt est prise en étau entre la montée des eaux salées du côté littoral et la déforestation pour répondre aux projets d’urbanisation du côté terrestre. D’une part, la montée des eaux entraîne une salinisation des sols qui permet aux palétuviers de mangrove de gagner du terrain au détriment des Mangles médaille qui supportent moins bien cet environnement salin. D’autre part, l’expansion du pâturage et des projets d’urbanisation empiètent gravement sur son espace. Face à ces menaces, la forêt marécageuse lutte pour sa survie.
C’est ainsi qu’elle a pratiquement disparu des Grandes Antilles, ce qui classe les mangroves de Guadeloupe parmi les plus importantes de la Caraïbe.
Depuis 2016, le Parc national et la ville des Abymes ont engagé le reboisement des 18 hectares de forêt marécageuse de Golconde. Ce site en partie classé en zone protégée, est l’une des dernières forêts marécageuses les mieux conservées de la Caraïbe. Grâce à cette forêt littorale, les Abymiens bénéficient d’une protection naturelle contre les inondations, les houles cycloniques et plus globalement la montée des eaux, en proximité du futur Centre hospitalier universitaire. Cette action menée conjointement par le Parc national de la Guadeloupe, la commune des Abymes et le Conservatoire du Littoral vise à restaurer et préserver ce patrimoine naturel d’exception. 8 9180 plantules de Mangle médaille sont semés en pépinière in situ et plus de 5 000 arbres ont ainsi déjà été replantés.
Pour en savoir plus sur le projet de restauration de la forêt de Golconde.
Chaque année, la journée mondiale des zones humides est l’occasion de mener des actions d’éducation à l’environnement et au développement durable : animations autour des zones humides tropicales pour les scolaires, chantiers d’insertion pour les jeunes et les travailleurs en situation de handicap, opération Koudmen pour le grand public, etc.
Pour connaître le programme des JMZH 2024, visitez notre page sur le site jagispourlanature.
La mangrove, un écosystème remarquable
La mangrove est indispensable à l'équilibre et au développement de la faune marine.
En effet, elle héberge des milliers d’oiseaux résidents ou migrateurs, mais aussi, parmi ses grandes racines immergées, de nombreux mollusques et crustacés : moules, huîtres de palétuviers, éponges, crabes nageurs ou petits crabes à barbe, crevettes, langoustes. Les poissons y pondent leurs œufs : pagres, pisquettes, tarpons qui regagneront la mer des Caraïbes une fois devenus adultes.
Mais ce n'est pas tout ! Les mangroves contribuent à l’auto-épuration de l’eau et joue un rôle régulateur sur la disponibilité de cette ressource. Ces zones jouent le rôle d’éponge par la nature des sols qui les composent en absorbant les montées d’eau en cas de fortes pluies, protégeant ainsi les zones d’habitation. En absorbant les précipitations et les houles cycloniques, elles contribuent à la protection des biens et des personnes. Ce sont également des éléments clés des paysages singuliers de notre région.
Tous ces services rendus leur confèrent un poids non négligeable dans l’économie de façon directe ou indirecte dans des secteurs tels que l’agriculture, l’élevage et l’écotourisme.
C'est pourquoi les atteintes portées à ces zones humides sont autant de menaces qui pèsent sur notre alimentation en eau douce et sur notre sécurité. L’augmentation de la salinité de l’eau en Grande-terre met en péril les mares et sources qui vont devenir salées ! De même, le comblement des milieux humides littoraux pose problème pour la gestion de la ressource en eau à moyen terme.
Pour en savoir plus sur les mangroves.