Le crabe blanc ou crabe de terre (Cardisoma guanhumi) et le crabe à barbe (Ucides cordatus) font partie du patrimoine culinaire de la Guadeloupe. Ces deux espèces, autrefois, consommées essentiellement aux périodes de Pâques et de Pentecôte, sont maintenant pêchées toute l’année et leurs populations sont sérieusement menacées. Les habitants de plusieurs communes de Guadeloupe ont dénoncé leur surexploitation et les méthodes de capture non sélectives utilisées.
Fort de ce constat, le Parc national de Guadeloupe a proposé une stratégie de gestion durable visant à limiter la pression sur ces populations de crabes en collaboration avec Madame Sonia Bourgeois-Lebel, retraitée de l’Université des Antilles et spécialiste du crabe blanc.
Cette stratégie portant sur les périodes et les techniques de prélèvement se base sur des observations de terrain et sur l’étude de la biologie des crabes.
Il a été proposé, avec l’association APRODECARM (Association pour la protection des crabes et d’autres ressources de la mangrove), organisatrice de la manifestation « la Fête du crabe », de fixer une taille minimale de capture supérieure à 60 mm en privilégiant des boîtes à crabes (pièges) dont l’ouverture permet l’échappement des individus n’ayant pas atteint cette taille.
De plus, les captures de ces crabes ne seraient autorisées qu’avec ce type d’engin et du 1er octobre au 15 mai de chaque année. L’utilisation de filets et/ou de produits chimiques serait systématiquement interdite.
Cette association et son Président ont adhéré au projet et organisé avec le Parc national une soirée débat publique « Bik A Pawol » sur la thématique « Krab là sé richès an nou » (le crabe c’est notre richesse). Cette soirée a connu un vif succès auprès du public et sera reconduite dans d’autres communes afin de sensibiliser la population sur cet enjeu.
Une étude a été initiée pour estimer la dynamique des populations de ces deux espèces sur les communes de Morne-à-L'Eau, les Abymes, Vieux-Habitants et Sainte-Rose, en collaboration avec les Gardes du littoral et les Agents du Parc national de la Guadeloupe. Les communes ont accueilli de façon positive cette initiative et les Gardes du littoral sont motivés pour réaliser les suivis. Cette étude s'inscrit dans les actions proposées dans les plans de gestion sur les sites du Conservatoire du littoral, notamment pour les communes de Morne-à-L'Eau et des Abymes.
En 2019, la Direction de la Mer a renouvelé l’arrêté préfectoral portant sur la réglementation de l’exercice de la pêche maritime de loisir dans les Eaux de Guadeloupe. Cet arrêté reprend les préconisations de gestion formulées par le Parc national pour le crabe blanc ou crabe de terre et le crabe à barbe. La réglementation sur ces deux espèces est donc en vigueur depuis août 2019.
Les captures du crabe de terre ou crabe blanc et du crabe à barbe sont autorisées du 1er octobre au 15 mai de chaque année et ne concernent que les individus dont la taille de la carapace de l'avant à l'arrière est supérieure à 60 mm. Il est donc interdit de capturer ces crabes du 16 mai au 30 septembre.
Seule la capture à l'aide de « boîtes à crabes » est autorisée. Cependant, ces boîtes devront présenter une ouverture permettant l’échappement des crabes de taille inférieure à 60 mm. En revanche, la capture de ces crabes à l'aide de filets et/ou de produits chimiques est interdite toute l'année.
Ce modèle de gestion permet à la fois de respecter les traditions culturelles, de garantir une certaine viabilité économique et de protéger les crabes.
Un prélèvement raisonné de cette ressource permettra également de pérenniser cette manifestation locale qu’est la « La Fête du Crabe ».
Rédactrice : Simone Mège.