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La forêt de la pluie, fille des volcans et cœur « historique » du Parc national de la Guadeloupe, s’étend sur toute la partie haute du massif montagneux de la Basse-Terre. Ainsi, si l’on entreprend le tour de la Soufrière par le sentier du Pas des Dames à partir du parking des bains jaunes, il est possible d’observer une végétation très hétérogène, qui porte les stigmates des évènements volcaniques qui se sont déroulés durant les deux siècles passés... Parmi les milieux naturels protégés par le parc, la forêt dense humide demeure sans conteste le plus représentatif. En effet, sous cette même appellation, se distinguent en fait une dizaine d’unités écologiques, regroupées communément dans deux ensembles : la forêt mésophile et la forêts hygrophile.

  • La forêt mésophile ou moyennement humide s’élevait à l’origine du littoral jusqu’à 200 mètres d’altitude sur la Côte au Vent et entre 200 et 500 m d’altitude sur la Côte sous le Vent. Très largement exploitée depuis la colonisation au XVe siècle afin de mettre en place des cultures vivrières telles que le cacao ou le café, elle est aujourd’hui remplacée par des bananeraies ou des boisements secondaires. Végétation luxuriante, les habitats de la région de basse altitude la plus arrosée de la Basse Terre sont fréquentés par l’Anolis (Marmoratus marmoratus) ou anolis à tête marbrée de la Guadeloupe, lézard arboricole endémique des Petites Antilles, le Typhlops de la Guadeloupe (Typhlops guadeloupensis), petit serpent qui semble largement distribué et abondant sur la Basse-Terre et la Grande Terre, mais qui reste très peu connu (Breuil, 2002). L’anthropisation se note par une agriculture extensive, de type traditionnel, notamment sur les basses et moyennes altitudes (Rousteau, 1996) ainsi que par une urbanisation croissante diffuse incontrôlée.
  • La forêt hygrophile ou forêt de la pluie, couvre plus de 80% de la zone de cœur du Parc national de la Guadeloupe (soit 14 500 ha) ; et s’étend sur tout le massif montagneux jusqu’à environ 1000 m d’altitude. Elle se compose d’une végétation étagée qui résulte de la concurrence pour l’espace et la lumière. Au total, ce sont près de 300 espèces d’arbres et d’arbustes, une centaine d’espèces d’orchidées, environ 300 espèces de fougères, dont certaines peuvent atteindre 15 m de hauteur qui constituent une diversité floristique considérable... Au-delà de 1 000 m d’altitude, sous une chape cotonneuse balayée par le vent et arrosée constamment se développe un manteau de sphaignes, de mousses et de lichens sur les roches volcaniques. Les arbres et les arbustes sont petits, les épiphytes très nombreux. C’est précisément à plus de 1000 mètres d’altitude, sur les crêtes, que sont confinées la plupart des espèces endémiques : le taux d’endémisme y est supérieur à 20 %. Ce phénomène s’explique par le processus de spéciation : les plantes, arrivées du continent américain et du reste de la Caraïbe, ont rapidement été isolées par les reliefs.

En route vers le sommet de la Soufrière par le sentier du Pas des Dames (à partir du parking des bains jaunes), il est possible de voir les arbres et arbustes semblables à des fossiles, surtout de nombreux mangliers-montagne, qui peuplaient l’endroit avant les coulées de boue de 1976-1977, dernière phase éruptive de la Soufrière. Très touchée, cette zone n’avait pratiquement plus de végétation, hormis quelques pieds de grande siguine (Philodendron giganteum) et d’ananas-rouge montagne (Pitcairnia bifrons). A présent, une végétation arbustive et herbacée s’est approprié la zone...

Plus loin le sentier amène aux zones les plus touchées par l’éruption phréatique prolongée du volcan, sur lesquelles peut s’observer une vegétation herbacée avec des sphaignes mortes totalement blanchies, quelques arbustes grillés par les pluies acides de 1998-2001. Se découvrent ensuite les zones moins touchées ou l’herbe à laine (Ischaemum latifolium) se mélange avec des ananas rouge montagne, des arbustes, des ananas-jaune montagne (Guzmania plumieri) et les premiers mangliers-montagne (Clusia mangle) survivants. L’herbe à laine devient rare, une zone nettement arbustive prend place avec des clairières de sphaignes bien vivantes aux couleurs chatoyantes jaunes à orangées, dont la plus spectaculaire se situe aux éboulements Faujas, fracture ouverte lors de l’éruption de 1798.

Là, tapie sous une grosse pierre, la mygale de la soufrière, (Holotele sulfurensis), araignée endémique de ce seul massif, attend patiemment sa proie.

Grimpant sur le dôme par le sentier longeant la fracture du nord-ouest, près du cratère Napoléon, du gouffre Tarissan et du cratère Sud, une partie de la végétation a entièrement disparu. Arrivé à la porte d’Enfer, au vent violent des fumerolles mêlées de brumes inquiétantes, se dressent, rougeoyants, quelques ananas-rouge montagne. Si l’on continue notre tour de la « Vieille Dame », on traverse une zone au sol presque nu, rougi par la présence d’une hépatique, (Jungermania succulenta). Nous voilà au vent des fumerolles du Carbet aujourd’hui éteintes après avoir grillé la végétation avant d’achever ce tour par le chaos des roches émises en juillet 1976.

 


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