Partager

Observation d’un lamantin au Moule : une présence exceptionnelle

Depuis jeudi 3 juillet 2025, un lamantin des Caraïbes (Trichechus manatus) est observé au large de la commune du Moule. L’individu, identifié comme Taicaraya, avait été relâché en février 2025 à Porto Rico, à l’embouchure de la rivière Espiritu Santo, dans le cadre d’un programme local de conservation. Il aurait ainsi parcouru plus de 500 kilomètres avant d’atteindre les eaux guadeloupéennes.
Mamantin Guadeloupe
© Capture vidéo Swan le 3 juillet 2025

 

Une espèce disparue localement depuis un siècle

La présence d’un lamantin en Guadeloupe est exceptionnelle : cette espèce, autrefois répandue dans les lagons et estuaires de l’archipel, est considérée comme disparue localement depuis le début du XXᵉ siècle. L’observation de Taicaraya constitue donc un événement rare. Toutefois, il s’agit d’un cas isolé, et en l’état actuel des connaissances, cette présence ne permet pas de conclure à un retour de l’espèce.
 

Ce que dit la réglementation

Le lamantin est un mammifère marin protégé par la réglementation nationale (arrêté du 1er juillet 2011) et locale (arrêté préfectoral n°R02-2024-07-12-00001). Il est formellement interdit de l’approcher à moins de 300 mètres, que ce soit en mer, sur le littoral ou par voie aérienne. Toute tentative d’approche, même discrète ou bien intentionnée, est susceptible de perturber gravement l’animal : modification de son comportement, stress, gêne dans ses déplacements, interruption de son alimentation ou de son repos.

   Approcher cet animal à moins de 300 mètres, même sans intention de nuire, peut gravement perturber son comportement, l’exposer à des blessures ou compromettre sa survie. J’en appelle à la responsabilité de chacun : admirons-le, protégeons-le, mais à bonne distance.    — Harry Ozier-Lafontaine, Directeur du Parc national de la Guadeloupe

Un comportement compatible avec la bioprospection

Ce déplacement s’inscrit dans un processus connu de bioprospection géographique, un comportement naturel observé chez plusieurs espèces. Il s’agit d’une stratégie adaptative consistant à explorer de nouveaux territoires pour identifier des habitats potentiellement favorables ou des connexions entre noyaux de populations. Ce type de mouvement est étudié dans le cadre de la dynamique des métapopulations.

Afin de préserver cet individu et de lui garantir un environnement calme et sécurisé, il est demandé à tous les usagers de la mer et du littoral de suivre les recommandations suivantes, en cas d’observation : :

  • Respecter strictement la distance réglementaire de 300 mètres,
  • Ne pas tenter de le suivre, de l’approcher ou de l’observer activement,
  • Ne pas diffuser sa localisation, notamment sur les réseaux sociaux,
  • Signaler toute nouvelle observation au réseau d’échouage : 📞 06 90 57 19 44

 

site moule

Une observation qui prolonge les connaissances acquises

De 2008 à 2018, le Parc national de la Guadeloupe a coordonné le projet européen LIFE SIRENIA, visant à étudier la faisabilité d’une réintroduction de l’espèce en Guadeloupe. Ce programme, première mondiale appliquée à un mammifère marin, a permis d’acquérir des données scientifiques précieuses sur les habitats disponibles, les perceptions des usagers et les conditions sanitaires et éthologiques nécessaires à une telle entreprise.

 

Nous remercions les citoyens, professionnels de la mer et acteurs du territoire pour leur vigilance et leur engagement dans la préservation de la biodiversité marine de l’archipel.